Conférence de presse - Dans un contexte mondial incertain, le commerce équitable confirme son ancrage au Luxembourg

par Fairtrade Lëtzebuerg · 

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Les producteurs, productrices, travailleurs et travailleuses d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes sont confrontés à une accumulation de crises interconnectées : intensification des phénomènes climatiques extrêmes, instabilité des prix et adaptation aux exigences de législations européennes, telles que le Règlement européen sur la déforestation. Ces défis fragilisent profondément leurs moyens de subsistance et le développement de leurs communautés.

L’engagement en faveur du commerce équitable ne faiblit pas au Luxembourg
Malgré un contexte économique encore tendu, les ménages luxembourgeois maintiennent fermement leur engagement en faveur du commerce équitable. Après deux années marquées par des hausses de prix significatives (+6,3 % en 2022 et +3,75 % en 2023), l’inflation a marqué un net ralentissement en 2024 (+2,05 %), offrant ainsi un répit bienvenu aux consommateurs. La dépense moyenne par habitant pour des produits labellisés Fairtrade s’élève à 85 euros, soit une progression de 6 euros par rapport à l’année précédente. Quant au chiffre d’affaires enregistré pour les produits labellisés Fairtrade vendus au Luxembourg, celui-ci a atteint 57,2 millions d’euros, soit une croissance de 10 %. Le marché luxembourgeois bénéficie aujourd’hui d’une offre toujours plus étoffée : à la fin de l’année 2024, 5 907 références certifiées Fairtrade étaient disponibles, dont 657 nouveautés, soit une hausse de 13 % par rapport à 2023. Une majorité d’entre eux (60 %) portent également le label biologique, signe d’un double engagement des consommateurs pour une alimentation respectueuse des droits humains et de l’environnement. Pour une analyse détaillée des différentes filières Fairtrade, veuillez consulter notre annexe.

Acteurs locaux et territoire : les piliers d’un commerce équitable made in Luxembourg
La croissance du marché Fairtrade au Luxembourg ne repose pas uniquement sur les choix quotidiens des fidèles consommateurs : elle est également portée par l’engagement solide d’un réseau d’acteurs locaux, à commencer par les preneurs de sous-licence Fairtrade.
30 entreprises luxembourgeoises, soit 3 de plus qu’en 2023 (Kichelcher.lu, CafeTree Coffee Truck & Roastery et La Provençale), proposent une offre Fairtrade de plus en plus diversifiée. Aux côtés de ces nouveaux acteurs se placent des acteurs engagés depuis plusieurs années, à l’instar de Jos & Jean-Marie (viennoiseries Fairtrade) ; des 9 torréfacteurs que sont Resuma S.A., Tim Doppler, Jucalux, Lëtz Coffee, Maison Josy Juckem, Mondo del Caffè, Moulin Dieschbourg, SpecialtyCoffee Sàrl-S, Appassionato Sàrl ; des Ateliers du Tricentenaire (chocolats, noix de cajou, thé, épices), ou encore de Luxlait (lait chocolaté Fairtrade). Cette dynamique positive incarne le développement du concept « Fair & Local », qui allie circuits courts, responsabilité sociale et ancrage territorial.

Au-delà des preneurs de sous-licence, l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg peut compter sur un solide réseau de relais locaux engagés dans la sensibilisation : 38 communes certifiées Fairtrade Gemeng et 26 établissements scolaires certifiés Fairtrade School ont mené des actions concrètes en 2024, mobilisant plus de 300 personnes à travers leurs groupes d’action. Ce maillage territorial est renforcé par un réseau de distribution varié, allant des Weltbutteker aux épiceries indépendantes, en passant par les magasins bio, les grandes surfaces et autres points de vente.

Fairtrade s’engage pour des législations européennes qui protègent les droits des producteurs et l’environnement
Le mouvement Fairtrade effectue un travail de plaidoyer actif également, en organisant des webinaires publics, des formations ciblées et des actions de sensibilisation à destination des organisations de producteurs, des entreprises partenaires, des acheteurs, mais aussi des décideurs politiques et institutions européennes. L’objectif : favoriser une meilleure compréhension des exigences réglementaires et garantir que ces dernières soient réellement adaptées aux réalités des producteurs et productrices d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes. Dans ce cadre, Fairtrade suit de près les évolutions législatives européennes majeures. Concernant le Règlement sur la déforestation importée (EUDR), le mouvement salue le report d’un an de son entrée en vigueur, qui constitue un répit bienvenu pour les petits producteurs. Ce délai leur offre un temps précieux pour se préparer aux exigences, notamment en matière de traçabilité et de gestion des données. Fairtrade insiste toutefois sur le fait que ce report ne doit pas servir de prétexte à un affaiblissement du règlement. L’ambition de cette législation doit rester intacte pour assurer une protection effective des forêts et des communautés qui en dépendent.
Fairtrade note plusieurs avancées dans le cadre de la Directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (CSDDD), notamment la reconnaissance du droit à un revenu et à un salaire décents.
Cependant, le mouvement alerte sur les risques de recul posés par le paquet législatif Omnibus, qui menace de restreindre drastiquement le champ d’application de la directive, de limiter la responsabilité des entreprises et de fragiliser l’accès à la justice pour les communautés affectées.

Comme le rappelle Jean-Louis Zeien, président de l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg, « quelques avancées notables ont été obtenues ces dernières années visant à réguler les chaînes d’approvisionnement et à lutter contre les pratiques commerciales déloyales. Cependant, ces progrès sont aujourd’hui menacés par des pressions politiques pour réduire les exigences et diluer les réglementations, au nom de la compétitivité économique. Or, face aux crises sociales, environnementales et économiques, les acteurs et modèles qui permettent de construire un avenir durable et réussi, sont aujourd’hui plus que jamais indispensables. Fairtrade est ici un exemple de modèle commercial, dont les générations actuelles et futures ont besoin partout dans le monde. »

Annexe :

Ci-dessous, un tour d’horizon des différentes filières Fairtrade pour l’année 2024.

Les bananes : introduites en 1999, les bananes Fairtrade demeurent un pilier du commerce équitable au Luxembourg. En 2024, leur volume atteint 2 283 tonnes, enregistrant une hausse de 11,3 % par rapport à l’année précédente. La consommation moyenne de bananes Fairtrade est de 3,4 kg par habitant. Fait notable, plus de 94 % de ces bananes sont également certifiées biologiques, témoignant d’un double engagement pour des produits à la fois équitables et durables. Une banane sur trois consommée au Luxembourg est Fairtrade (30 % de part de marché). Par ailleurs, neuf partenaires, principalement issus du commerce de détail et de la restauration collective, font partie du programme ONLY. Dans le cadre de celui-ci, ces acteurs  s’engagent à commercialiser exclusivement des bananes à la fois Fairtrade et biologiques tout au long de l’année. Cette démarche contribue concrètement à réduire l’usage massif de pesticides et à promouvoir une filière respectueuse des droits humains et de l’environnement.

Le cacao : présent sur le marché luxembourgeois depuis 1996, le cacao Fairtrade connaît en 2024 un rebond notable, après un léger recul observé en 2023. Avec 611 tonnes vendues, soit une progression de 11 %, cette croissance est portée tant par de grands acteurs internationaux que par trois entreprises luxembourgeoises, qui jouent un rôle clé dans le développement de la filière. Parmi les dix principaux contributeurs aux ventes de cacao en 2024, trois sont luxembourgeois (Luxlait, Jos & Jean-Marie et les Ateliers du Tricentenaire), soulignant l’importance locale dans ce secteur.

Le café : produit pionnier du mouvement Fairtrade au Luxembourg, le café affiche une belle résilience en 2024 malgré une baisse des volumes de 5 %, avec 457 tonnes vendues. Ce recul s’explique principalement par une diminution des achats chez certains preneurs de sous-licence étrangers. Sur le plan local, la majorité des torréfacteurs luxembourgeois font preuve d’une dynamique positive : 7 sur 11 enregistrent une croissance de leurs ventes. La part de marché du café Fairtrade par rapport au marché du café global est de 11,35 %. Parmi les 10 premières références les plus vendues, 4 sont proposées par des acteurs luxembourgeois. Et sur les 9 torréfacteurs et 3 entreprises luxembourgeoises actives dans le secteur du café, 7 ont enregistré une hausse significative. Il est également à noter que 70 % du café certifié Fairtrade vendu au Luxembourg est également labellisé biologique, reflétant une double exigence en matière de qualité et de durabilité.

Le riz : en 2024, 41,86 tonnes de riz certifié Fairtrade ont été vendues au Luxembourg, soit une baisse de 21 % par rapport à 2023. Cette baisse s’explique notamment par le recul des ventes chez plusieurs licenciés commerciaux étrangers. À noter également que 88 % du riz certifié Fairtrade portent le label biologique.

Le sucre : les ventes de sucre certifié Fairtrade au Luxembourg se sont élevées à 194,76 tonnes en 2024, enregistrant une légère baisse de 4 % par rapport à 2023. Cette diminution est principalement liée à la baisse d’activité de certains acteurs étrangers. Malgré ce léger repli, la filière reste bien représentée localement, avec quatre acteurs luxembourgeois figurant parmi les dix principaux distributeurs de sucre Fairtrade sur le marché national.

Le coton : le coton Fairtrade réalise un bond remarquable de 17 %, avec 41,9 tonnes vendues contre seulement 4 % de croissance l’année précédente. La progression de la filière au Luxembourg est notamment due à l’acteur luxembourgeois AKABO, qui a joué un rôle déterminant en fournissant des vêtements de travail et vêtements promotionnels à  des acteurs privés et publics dont notamment la Ville de Luxembourg, l’entreprise Dussmann et Restopolis. La mobilisation et l’accompagnement de ces acteurs ont été réalisés dans le cadre du travail de la campagne « Rethink Your Clothes », mise en œuvre par l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg sur mandat de la Coopération luxembourgeoise. Pour conclure, 84,3 % du coton certifié Fairtrade portent également le label biologique.

Les noix de cajou : introduites fin 2023, les noix de cajou Fairtrade confirment leur succès auprès des consommateurs - soucieux de consommer un produit de qualité exceptionnelle issu d’une filière d’approvisionnement courte - avec une croissance de 48 % (3 180 kg vendus en 2024). 78 % de ces noix de cajou portent également le label biologique. Un acteur luxembourgeois, les Ateliers du Tricentenaire, assure à lui seul 76,5 % de part de marché.

La filière de l’or : grâce principalement aux lingots d’or Fairtrade vendus par la Banque et Caisse d’Épargne de l’État (BCEE), le marché de l’or Fairtrade au Luxembourg a connu une augmentation de 75,3 % par rapport à 2023. À noter également que deux bijoutières luxembourgeoises travaillent également avec de l’or Fairtrade issu de mines artisanales du Pérou pour produire de magnifiques bijoux.

Le thé : en 2024, 2,54 tonnes de thé certifié Fairtrade ont été vendues au Luxembourg, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2023.

Les boissons froides : en 2024, 123 443 litres de boissons certifiés Fairtrade ont été vendus, soit une augmentation de 11 % par rapport à 2023. 40,8 % des boissons froides portent également le label biologique. Cette croissance est principalement portée par des acteurs étrangers, tels que LemonAid Beverages GmbH, qui a enregistré une hausse significative de ses ventes au Luxembourg, et Hermann Pfanner Getränke GmbH.

Les roses : en 2024, 1 268 249 tiges de roses et bouquets équitables ont été vendus, soit une diminution de 35 % par rapport à 2023, régression principalement attribuable aux baisses de volumes chez des acteurs étrangers majeurs.

Les tomates : 86,5 tonnes de tomates certifiées Fairtrade ont été vendues au Luxembourg en 2024, soit une augmentation de 15 %. Cette croissance est portée par un unique partenaire luxembourgeois qui distribue l’ensemble des tomates Fairtrade.

Le vin Fairtrade : le vin Fairtrade suit avec une importante hausse de 63 %, notamment grâce à des partenaires belges actifs sur le marché luxembourgeois.

Annexe 2 :

Le mouvement Fairtrade International : des solutions concrètes face aux défis systémiques
Les achats équitables réalisés au Luxembourg soutiennent près de 2 millions de producteurs et travailleurs dans 67 pays, dont 397 000 femmes productrices. En 2023, 211,5 millions d’euros de prime Fairtrade ont été versés aux organisations de producteurs, servant à financer des projets dans l’éducation, la santé, l’accès à l’eau, les infrastructures ou encore la formation continue.
Au-delà de la prime Fairtrade, les producteurs bénéficient du prix minimum Fairtrade ainsi que d’un accompagnement technique pour faire face aux défis environnementaux. En 2024, plus de 441 organisations ont mis en place des plans de prévention et d’adaptation aux effets du dérèglement. En outre, dans le cadre du Règlement européen sur la déforestation (EUDR), Fairtrade a aligné ses Standards rigoureux pour répondre aux exigences dudit règlement. Ainsi, à travers la mise en place de partenariats stratégiques, notamment avec la société néerlandaise Satelligence, spécialisée en services de géolocalisation, les producteurs bénéficient d’outils cruciaux (entièrement couverts par Fairtrade), tels que des cartes de risques, des rapports personnalisés, une plateforme Fairtrace, pour garantir la traçabilité de leur production et maintenir un accès critique au marché.